Fondateur d’un cabinet vétérinaire de 10 praticiens (6 spécialisés en rural et 4 en canin) intervenant sur l’Aisne et les Ardennes, Gérard Bosquet a vu son activité changer depuis ses débuts dans les années 1980 et sa spécialisation auprès des bovins en 1998. Il nous partage son quotidien et son goût de la transmission d’un savoir-faire et de connaissances. Un vétérinaire animé par une passion intacte.
CNIEL : Comment se déroule une journée type de vétérinaire rural ?
Gérard Bosquet : Je ne suis pas sûr qu’il y ait de journée type ! (sourire). J’alterne entre le cabinet et les exploitations, ce qui signifie aussi du temps sur la route et une organisation interne avec des astreintes partagées.
Je prodigue des soins d’urgence sur des animaux individuels et de plus en plus sur des groupes, dans les cas de pathologies respiratoires ou de diarrhée du veau par exemple.
Je mène également un suivi des animaux : sur le plan de la reproduction, des maladies telles que la mammite, des vaches taries, etc. Je suis amené à effectuer des prélèvements qui sont analysés en laboratoire pour des recherches de parasites et de bactéries*.
Surtout, je fais de plus en plus de conseils et de prévention auprès des éleveurs : un volet qui me tient particulièrement à cœur.
Photo : Gérard Bosquet accueille de nombreux jeunes en formation
CNIEL : Comment s’exprime cette activité d’accompagnement des éleveurs ?
G.B. : Elle découle en partie des évolutions réglementaires, comme le Bilan sanitaire annuel et le protocole de soins rendus obligatoires par l’arrêté de 2007. Ou encore les visites sanitaires bovines.
Ces rendez-vous constituent autant d’occasions d’améliorer chaque aspect d’un élevage : de la biosécurité – hygiène du bâtiment, de la salle de traite, stockage des médicaments… – au bien-être des animaux. Et parfois même, de la propre santé des éleveurs puisqu’on est aussi là pour leur rappeler les précautions à prendre pour se protéger, comme une tenue adéquate lorsqu’ils procèdent à des soins ou des préparations.
Photo : Accompagner les éleveurs dans le bien-être animal et la biosécurité
CNIEL : Cette sensibilisation en continu requiert-elle de nouvelles qualités pour un vétérinaire rural ?
G. B. : Je dirais un goût pour la pédagogie ! On a aujourd’hui une forte segmentation de la clientèle : les élevages ont grandi et les éleveurs sont davantage formés et ont des besoins plus précis.
Selon le niveau de compétences de l’éleveur, on va établir un protocole de soin avec des actes qu’il pourra prendre lui-même en charge, adossé à un suivi téléphonique par exemple. En ce sens, nous avons dû évoluer à notre tour et proposer un panel de prestations pour venir aider l’éleveur là où il en a besoin.
Informer, alerter, accompagner constitue donc une grande partie de mon travail actuel. Mais c’est aussi celle qui me paraît la plus importante, sur le plan des enjeux : désormais, les éleveurs n’envisagent pas la castration et l’écornage sans produits anesthésiants.
La préservation de l’environnement et le bien-être animal représentent des priorités communes, et le vétérinaire rural a selon moi un rôle social à mener, pleinement complémentaire à son rôle de soin.
Mais je reconnais que j’ai un profil peut-être atypique, de par mon engagement à la SNGTV (Société nationale des groupements techniques vétérinaires), à la Commission de qualité du lait…
D’ailleurs, cette attention portée à la transmission me paraît tout aussi primordiale envers les associés du cabinet, les futurs jeunes vétérinaires que nous recrutons et les étudiants stagiaires à qui je m’attache à faire découvrir le métier, la relation à l’animal et les nouvelles conditions d’exercice. ».
Rens.: Gérard Bosquet – Clinique vétérinaire Auvillers-les-Forges (08) qui emploie 19 personnes – Spécialités canine et rurale
* Ainsi que pour des maladies pilotées par les DDPP (Directions départementales de la protection des populations) ou les GDS (Groupement de défense sanitaire).